PETRUS en dix leçons
Petrus, grand Bordeaux de Pomerol, onze hectares de vignes de merlot, 5% de cabernet, un vignoble joyau posé sur la boutonnière de Pomerol si souvent étudiée par les géologues et autres œnologues girondins, un vin star qui baille dans le firmament des grands crus à la robe rubis.
Corima, la société qui distribue Pétrus en France – quelques caisses, une centaine pas plus – a eu la bonne idée de rassembler une poignée de dégustateurs au Musée du Vin pour savourer dix millésimes de Pétrus. Un évènement historique quand on sait la rareté du vin, jamais plus de 40.000 bouteilles par an, quelquefois 10.000 comme en 1987, et la convoitise acharnée des collectionneurs du monde entier : Pétrus ou Van Gogh, même combat.
L’attrait majeur de cette dégustation unique était que les deux concepteurs de Pétrus, Christian Moueix et Jean-Claude Berrouet, œnologue, dirigeaient la séance sous le regard et les commentaires de Georges Lepré, le chef sommelier du Ritz, le plus grand vendeur de Pétrus au monde. Pétrus 45 à la carte des vins du palace de la place Vendôme : 19.000 francs la bouteille, service compris. Cela s’appelle un vin spéculatif. Christian Moueix, directeur du château (qui n’en est pas un), l’âme du vin et son complice Berrouet le diacre du fameux Pomerol, ont formé un duo épatant, chacun apportant la somme de ses réflexions sur le vin prodige. Parmi les millésimes proposés, les plus majestueux furent les 89, 88, 86, 84 et 71, ce dernier confinant au chef d’œuvre.
Il ne fait pas de doute que la seconde partie du siècle sera le grand moment de la gloire de Pétrus. Les réussites sont constantes et dans les grandes années connues depuis 1970, Pétrus a fait des prodiges. Le terroir marque le vin d’un sceau indélébile, cela est certain. L’argile conjuguée au merlot crée une structure tannique jamais agressive ; le vin affiche un charme, une puissance, une volupté à nulle autre pareille.
Le charme Pétrus existe. En ce jour d’hiver froid, nous l’avons rencontré. Il nous a enchanté.

